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19 septembre 2006

DRM : j'achète, tu pirates, il craque

Publié par Vince à 23:35      

A peine mes yeux me permettent-ils de lire un écran que je me remets à scruter les nouvelles du monde numérique. Aujourd'hui je vais (encore) parler de DRM, parce que malheureusement c'est on ne peut plus d'actualité.


DRM - description

On me demande encore de temps en temps ce que c'est un DRM, or je pense qu'il est important que le plus de gens possible sachent ce qui se cache derrière ces trois lettres. C'est important d'en parler parce que c'est la seule façon de s'en débarrasser. En quelques mots, DRM, veut dire Digital Rights Management, traduit en français par MTP (Mesure Technique de Protection). Il faut donc entendre par DRM tout système technique visant à contrôler l'utilisation faite d'une œuvre audio-visuelle. Ces systèmes sont utilisés sous le prétexte de protéger les œuvres du piratage et sont depuis cet été renforcés de protections juridiques. Dans la pratique, on peut trouver le DRM sur n'importe quel support audio-visuel : un CD, un DVD ou un fichier téléchargé. Son but est de contrôler votre usage de l'œuvre : empêcher la copie, autoriser la lecture un certain nombre de fois, empêcher la lecture sur les systèmes non compatibles, etc. En fait il n'y a pas d'autre limite à son utilisation que l'imagination.


DRM contre pirates

C'est là que vous vous dites : "Alors en fait les DRM ça ne concerne que les pirates, je n'ai pas à m'en préoccuper moi honnête citoyen". Et non, c'est tout le contraire, le DRM ne concerne pas le pirate, il ne concerne que l'honnête citoyen. L'honnête citoyen qui achète un CD qui ne passe pas dans sa voiture, l'honnête citoyen qui achète en ligne un morceau de musique qui ne passe pas sur son baladeur MP3. Le pirate télécharge de la musique dépourvue de DRM et en fait ce qu'il veut. On en revient un peu aux messages précédant les films, informant l'honnête citoyen qu'il n'a pas le droit de faire grand chose avec sa cassette, si ce n'est la regarder, seul de préférence. Le DRM c'est un peu ça mais en plus chiant pour l'honnête citoyen. Le pirate lui ne sera gêné ni par l'un ni par l'autre, et ça tout le monde le sait.


Le pirate c'est vous !

Là où je veux en venir, c'est que les grandes entreprises de l'audio-visuel ont bien compris que, dans le cadre d'un usage personnel, entre l'honnête citoyen et le pirate il n'y a pas grande différence. Le pirate n'est jamais qu'un honnête citoyen qui télécharge un album qu'il n'aurait de toute façon pas acheté ou qui fait une copie d'un CD pour son frère (ou pire, son voisin). Dailleurs les DRM ne font que renforcer ce rapprochement car l'honnête citoyen qui transforme sa musique en MP3 pour l'écouter sur son baladeur est aussi un pirate car il prive ainsi sa musique du DRM (il utilise dailleurs pour cela un logiciel pirate). La politique des grandes maisons est clairement de faire passer tout le monde pour pirate, pour pouvoir surveiller tout le monde. Chacun usant bien entendu de son propre système de protection, incompatible avec les autres. Si ce n'est pas pour prendre le contrôle d'un marché, je me demande bien à quoi cela peut servir.


Les DRM craquent un par un

Je n'ai pas pu m'empêcher un sourire en lisant une info aujourd'hui : seulement 8 heures après la sortie d'iTunes 7 (corrigeant son problème de DRM craqué par QTFairUse 2.2), c'est QTFairUse qui sort une nouvelle version (2.3) craquant le nouveau DRM d'iTunes. De mon point de vue, il va de soit que chaque système de protection mettra plus de temps à être conçu qu'à être craqué. Une équipe de développeurs payés pour concevoir un système de protection ne fera jamais le poids face à une communauté mondiale d'utilisateurs qui entendent bien écouter leur musique librement. A moins d'avoir un système législatif excessivement restrictif sur l'usage, la course entre le DRM et son crack n'a pas d'issue possible. C'est juste un gain de temps pour ne pas changer de modèle économique.


DADVSI pour encore plus de pirates

DADVSI, c'est le projet de loi sur les droits numériques, voté cet été après un parcours douteux entre débats acharnés à l'Assemblée et amendements retirés par le Sénat. Personnellement je retiens que le texte final est encore plus restrictif en termes de droit du consommateur que celui qui était passé de justesse à l'Assemblée. En pratique, du moins dès que les décrets d'application seront publiés, vous serez passible d'une amende de 750 € si par exemple vous faites une copie MP3 d'un CD pour le lire sur votre baladeur. Il en va de même pour la transformation de DVD en DivX, pour la lecture d'un DVD avec des logiciels libres, etc. Reste à savoir si le ministère publique désire engager des poursuites contre de tels délits ou si les notions de copie privée et d'interopérabilité ont encore de la valeur en France.


Conclusion

La chose à retenir c'est que le DRM ne doit pas rester de simples petits caractères sur des conditions de vente. Il faut en parler, il faut que tout le monde sache que c'est une nuisance à la libre consommation et qu'on est tous concernés. Seule une large opinion publique pourra faire le poids politiquement face aux lobbies des multinationales. En attendant chacun continuera à écouter sa musique à son gré avec en plus un sentiment d'être injustement considéré comme hors-la-loi. Pour terminer voici une citation de Peter Lee, cadre dirigeant chez Dysney : "If consumers even know there's a DRM, what it is, and how it works, we've already failed" (Si les consommateurs savaient qu'il y a un DRM, ce que c'est, et comment ça marche, alors nous aurions déjà perdu).


Une journée mondiale contre les DRM

Le MARDI 3 OCTOBRE est déclaré journée internationalle anti DRM par le collectif Defective By Design qui agira conjointement avec d'autres associations comme stopDRM ainsi que la bonne volonté de chacun pour informer le grand public sur le danger des DRM.


Sources et sites recommandés


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