Musique, lobbies et téléchargement
Nous vivons une époque où les intérêts de chacun ont du mal à s'accorder dans le domaine de la musique. L'avènement du MP3 nous a apporté une nouvelle expérience musicale que les instances légales peinent à appréhender. D'un autre côté, les associations de protection des droits d'auteur utilisent leurs dollars en procès et en lobbyisme pour vaincre leur ennemi : le téléchargement. Voici quelques unes parmi les dernières nouvelles de ce petit monde ou personne ne sait où on va.
La fin des DRM
La loi DADVSI avait donné le plein pouvoir aux mesures de protection numérique (DRM) malgré les nombreuses mises en garde des diverses associations telles que l'initiative StopDRM ou la fondation pour le logiciel libre (FSF). Ce qui devait arriver arriva : les vendeurs de musique en ligne abandonne pnteu à peu ce marché verrouillé dès le début par Apple et son iPod. Le problème n'est pas tant la fermeture d'un portail de vente comme Yahoo! Music mais plutôt celle de ses serveurs de licences autorisant la lecture des fichiers musicaux. Ainsi heureux acheteurs de musique, Yahoo est aujourd'hui forcé de vous conseiller de contourner les DRM. Une fois encore c'est l'utilisateur 100% légal qui trinque. On recommence avec la loi ADOPI ou tout le monde a compris ?
Les ventes de disques en chute libre
Les grandes surfaces avaient rapidement pris le gros morceau du gâteau de la vente de disque, faisant disparaître un à un les disquaires. Aujourd'hui c'est l'opération inverse qui se produit : les grandes surfacent relèguent le disque en fond de rayon, au profit des DVD et autres jeux vidéo. Les ventes de disques chutent, les grandes surfaces abandonnent le marché, l'un entraînant l'autre et réciproquement. Du coup les revendeurs comme la FNAC ou Virgin accusent des baisses moins importantes (de l'ordre de 13% sur un an au lieu de plus de 30% pour les grandes surfaces). Même si on en est pas encore là, à ce rythme il deviendra bientôt difficile d'acheter de la musique ailleurs que sur iTunes Internet.
Les pirates tiennent bon
Bravant les lois européennes, la Fédération Internationale de l'Industrie Phonographique (IFPI) continue son lobbyisme juridique pour tenter de faire fermer le plus pirate des pirates : The Pirate Bay. Véritable provocateur de l'industrie musicale, The Pirate Bay milite pour la liberté d'échange entre internautes et ne compte pas laisser tomber. Ils ont même plutôt le vent en poupe puisque leur audience ne fait qu'augmenter, et cela grâce à l'IFPI, malgré elle. Le scénario est simple : l'IFPI parvient à convaincre un procureur de faire bloquer le site pirate par les FAI (déjà vu avec Tele2 au Danemark en février ou plus récemment en Italie). Aussitôt The Pirate Bay réagit en proposant une nouvelle adresse IP et un nom de domaine aux utilisateurs concernés. Bilan de l'opération : le site n'a pas été bloqué bien longtemps et a profité de publicité gratuite en s'offrant en prime un procès contre l'IFPI pour réparation du préjudice subi. The Pirate Bay est dorénavant connu de tous en Italie où il a fait un bon de 10 places au classement Alexa.
Mais tout va bien à la RIAA
En fait, c'est surtout vrai pour ses 2 co-dirigeants Mitch Bainwol et Cary Sherman qui ont empoché à eux deux pas moins de 3 millions de dollars (salaire + primes) pour l'année 2006. En 2003, la dévouée Hilary Rosen touchait environ 1 millions d'euros à la tête du lobby du disque américain. Etonnamment la RIAA ne veut pas encore communiquer les chiffres de 2007. Il faut dire que face à une industrie du disque en crise, ces salaires font un peu tache. Les pressions imposées par la nouvelle direction d'EMI y changera peut-être quelque chose.
Pendant ce temps en Allemagne ...
Devant le trop grand nombre de plaintes déposées pour violation de droits d'auteur, la justice allemande (en fait certains länder) a décidé d'imposer une nouvelle règle qui stipule que pour des cas de téléchargement ne dépassant pas 3000 euros, le contrevenant ne sera pas inquiété. Cette règle s'accompagne d'un barème simple : 1 euro le morceau de musique, 15 euros le film. En somme on peut télécharger (partager) jusqu'à 3000 MP3 ou 200 films. Attention tout de même aux facteurs aggravants que sont le commerce de ces fichiers ou le téléchargement d'oeuvres encore indisponibles.
C'est la crise
En mettant côte à côte ces divers événements, je crois qu'on peut affirmer sans trop se tromper que le disque est en crise. Tué par le téléchargement ou pas, le disque fait parti d'un modèle économique mis en place par les 4 grands (Universal, EMI, Sony BMG et Warner) qui aujourd'hui n'est plus compatible avec le monde d'Internet. Combien de temps vont-ils continuer à traîner des pieds avant de se lancer dans un nouveau modèle que certains artistes ont déjà adopté, sans leur maison de disque. Pourtant les pertes liées au téléchargement ne sont peut-être rien comparées à celles engendrées par la perte des artistes.
Sources
- La grande distribution abandonne la musique, sur Numerama
- L'IFPI fait la promo de The Pirate Bay en Italie, sur Numerama
- Le patron de la RIAA empoche 1,5 million de dollars, sur Numerama
- En Allemagne, vous pouvez télécharger sans crainte 3 000 MP3, sur PC INpact
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